J'ai lu récemment qu'une mère
de 31 ans avait plongé dans la Sèvre à Niort pour sauver une septuagénaire de
la noyade. Si on s'attend à ce que les sapeurs-pompiers fassent souvent
acte de courage et de dévouement dans l’accomplissement de leurs missions, ce
fait divers nous rappelle que chacun d'entre nous peut être confronté à des
situations inattendues nécessitant du courage.
Etre courageux, c'est vaincre
sa peur. C'est aussi être constant, persévérant dans ce qu'on sait devoir
faire. Le courage ne s'exprime pas seulement au travers d'actes héroïques.
Il peut se manifester aussi souvent dans nos choix ou dans nos comportements au
quotidien... C'est un malade incurable qui fait face avec dignité à la maladie
; c'est une mère qui, après une journée de travail, prend le temps de faire
réciter les leçons de ses enfants ; c'est une personne qui prend la défense de
quelqu'un rejeté par ses collègues de travail et lui manifeste de la sympathie,
ou encore un DRH qui, plutôt que d'envoyer une lettre impersonnelle, prend son
téléphone pour dire à quelqu'un à qui il avait promis une embauche que,
finalement, celle-ci ne se ferait pas ; c'est encore une mère qui résiste
aux sirènes du monde et choisit volontairement de rester au foyer pour élever
ses enfants ou une personne qui reste fidèle à ses principes religieux
au risque d'être impopulaire ; c'est une personne qui fait preuve de
tolérance quand l'esprit du temps est empli de sectarisme. Et puis, bien sûr,
dans le métro ou ailleurs, c'est aussi celui qui va défendre une personne que
l'on agresse... On pourrait ainsi multiplier ces quelques
exemples pratiquement à l'infini.
Dans mon expérience
professionnelle, j'ai rencontré un assez grand nombre de gens pas très
courageux pour un petit nombre d'autres qui l'était. Ne pas être courageux
n'est pas une fatalité. J'ai été élevé dans un milieu très protégé et
favorisé. Si j'en ai bénéficié grandement dans un premier temps, il ne m'a pas
préparé à affronter la rudesse du monde. Un jour, j’avais 16 ou 17
ans, comme je rapportais à ma mère un évènement au cours duquel je n'avais
manifestement pas fait preuve de courage, elle m’a dit : « Mon fils,
il vaut mieux se faire casser la figure que d’être lâche. » Cet
enseignement est resté en moi et la vie m'a donné ensuite des occasions de
faire croître mon courage.
Pour la plupart d'entre nous,
le courage n'est pas inné, il s'apprend petit à petit en surmontant sa peur
pour faire ce que l'on ressent être juste dans
certaines circonstances difficiles.
Il y a probablement de nombreuses
raisons expliquant la lâcheté de certains comportements. Je crois, toutefois,
que la principale d'entre elles est le manque de convictions et de bons
principes dans notre vie. L'absence de convictions et de bons principes ne
nous permet pas de surmonter notre peur face à certaines situations.
Inversement, les convictions donnent du courage : le courage d'affronter
un risque parce qu'on est convaincu que certaines choses doivent être faites ou
dites ; le courage d'entreprendre, d'affronter le risque de l'échec, parce
qu'on a la foi que l'on peut réussir ; le courage de persévérer dans ce que
l'on sait être juste et bon, même si la vie ne nous sourit pas immédiatement.
Dans sa chanson "Parler
d'ma vie", Jean-Jacques Goldman dit : "On ne peut être rien que
parmi des milliers". C'est vrai que certains jours, on aurait envie de
n'être "rien parmi des milliers" ; c'est vrai aussi que parfois on
pense que l'on n'est "rien parmi des milliers" et ça n'encourage pas
à sortir du rang. Même s'il y a des jours où on se sent moins fort et où
on souhaiterait que l'on nous oublie, on doit garder à l'esprit qu'on ne
devrait rien lâcher dans sa vie. En effet, on devrait toujours avoir l'esprit
que chacun de nous a une influence autour de lui et si celle-ci est bonne, elle
contribue à rendre le monde meilleur répondant ainsi à l'affirmation d'Edmund
Burke : "Pour triompher, le mal n'a besoin que de l'inaction des gens
de bien".
Comme en miroir aux paroles de
Jean-Jacques Goldman, je citerai un passage du film de Ridley Scott "Kingdom of Heaven". Une scène nous montre ce qui peut élever un homme
au-dessus de sa condition et faire de lui une personne meilleure. Alors que
Jérusalem va être assiégée par l'Emir Saladin et qu'il ne reste plus aucun
chevalier pour défendre la ville, le comte Balian d'Ibelin, resté pour défendre
les habitants, fait mettre à genoux tous les hommes présents et les adoube
chevaliers. Quand l'Evêque de Jérusalem, incrédule, lui demande :
"Pensez-vous que cela va les rendre meilleurs", il répond simplement
: "Oui".
Ce « oui » est
l’expression d’une vérité profonde, car les hommes ne tirent le meilleur
d'eux-mêmes que lorsqu'on leur témoigne de la grandeur qui est en eux et que
les circonstances les placent devant l'obligation de la réaliser.
C'est ce que
Dieu, notre Père, fait avec chacun d'entre nous et espère de chacun d'entre
nous. La vie, le monde, peut effacer cela de notre âme, ça n'en demeure pas
moins vrai.
D’une façon générale, la vie demande du courage ; il en est
de cela comme de toute chose touchant à notre personne : il n'est jamais trop
tard pour décider de devenir courageux.
Je partage pour beaucoup vos propos,mais je reste convaincue que l'homme est a lui seul un antagonisme,un jour courageux,un jour lâche,c'est d'ailleurs ce qui lui permet d'utiliser son libre-arbitre.Personnellement je ne sais jamais quelle sera ma réaction car là où je m'attendais à une réaction,je faiblis,là où je me croyais craintive ,j'ai montré du ressort.Le temps de l'épreuve est quotidien,et l'on est souvent surprit par nos réflexes souvent primitifs,liés à la protection intrinsèque de l'individu.
RépondreSupprimerD'ailleurs,cette évocation de JJ Goldmann m'a fait pensé à une autre de ses chansons :"né en 17",j'avoue qu'avec un flingue posé sur la tête d' un de mes gosses,je ne sais quelle serait ma réaction!Le Père n'a--il pas dit:"mettons-les à l'épreuve?"
Vous parliez de courage:
Mon grand-père paternel,en 17,justement,sorti de sa tranchée pour rejoindre le puits non loin,fusil sur l'épaule ,remontait de l'eau avec son seau.Sa tâche terminée ,il s'est retourné pour rapporter ce bien précieux à ses camarades embourbés,et là l'ennemi face à lui ,droit,20 ans, comme lui,venait chercher de l'eau: comme lui!En une seconde,il lui a fallu choisir..Il a décidé de le saluer de la tête et de partir,lui tournant le dos!A mes yeux,il fit preuve d'un grand courage,quel choix cornélien!Jamais il ne fut décoré pour cela,pour d'autres actes oui!Une chose est sûre,il refusa de se découvrir au son de la Marseillaise le jour des décorations!
Ceci pour résumer ma pensée que tantôt nous sommes des incapables,tantôt des lumières.
merci pour votre partage,bonne journée
Avec retard, je viens vous remercier de l'évocation de votre grand-père pendant la grande guerre.
RépondreSupprimerVivre au quotidien demande aussi, pour beaucoup, une forme de courage ; pas de celui pour lequel on obtient une décoration, mais de celui qui donne, à la fin de sa vie, le sentiment du devoir accompli. Amicales pensées.