lundi 6 avril 2015

Et si l'on parlait du courage


J'ai lu récemment qu'une mère de 31 ans avait plongé dans la Sèvre à Niort pour sauver une septuagénaire de la noyade. Si on s'attend à ce que les sapeurs-pompiers fassent souvent acte de courage et de dévouement dans l’accomplissement de leurs missions, ce fait divers nous rappelle que chacun d'entre nous peut être confronté à des situations inattendues nécessitant du courage.
Etre courageux, c'est vaincre sa peur. C'est aussi être constant, persévérant dans ce qu'on sait devoir faire. Le courage ne s'exprime pas seulement au travers d'actes héroïques. Il peut se manifester aussi souvent dans nos choix ou dans nos comportements au quotidien... C'est un malade incurable qui fait face avec dignité à la maladie ; c'est une mère qui, après une journée de travail, prend le temps de faire réciter les leçons de ses enfants ; c'est une personne qui prend la défense de quelqu'un rejeté par ses collègues de travail et lui manifeste de la sympathie, ou encore un DRH qui, plutôt que d'envoyer une lettre impersonnelle, prend son téléphone pour dire à quelqu'un à qui il avait promis une embauche que, finalement, celle-ci ne se ferait pas ; c'est encore une mère qui résiste aux sirènes du monde et choisit volontairement de rester au foyer pour élever ses enfants ou une personne qui reste fidèle à ses principes religieux au risque d'être impopulaire ; c'est une personne qui fait preuve de tolérance quand l'esprit du temps est empli de sectarisme. Et puis, bien sûr, dans le métro ou ailleurs, c'est aussi celui qui va défendre une personne que l'on agresse... On pourrait ainsi multiplier ces quelques exemples pratiquement à l'infini.
Dans mon expérience professionnelle, j'ai rencontré un assez grand nombre de gens pas très courageux pour un petit nombre d'autres qui l'était. Ne pas être courageux n'est pas une fatalité. J'ai été élevé dans un milieu très protégé et favorisé. Si j'en ai bénéficié grandement dans un premier temps, il ne m'a pas  préparé à affronter la rudesse du monde. Un jour, j’avais 16 ou 17 ans, comme je rapportais à ma mère un évènement au cours duquel je n'avais manifestement pas fait preuve de courage, elle m’a dit : « Mon fils, il vaut mieux se faire casser la figure que d’être lâche. » Cet enseignement est resté en moi et la vie m'a donné ensuite des occasions de faire croître mon courage. 
Pour la plupart d'entre nous, le courage n'est pas inné, il s'apprend petit à petit en surmontant sa peur pour faire ce que l'on ressent être juste dans certaines circonstances difficiles. 
Il y a probablement de nombreuses raisons expliquant la lâcheté de certains comportements. Je crois, toutefois, que la principale d'entre elles est le manque de convictions et de bons principes dans notre vie. L'absence de convictions et de bons principes ne nous permet pas de surmonter notre peur face à certaines situations. Inversement, les convictions donnent du courage : le courage  d'affronter un risque parce qu'on est convaincu que certaines choses doivent être faites ou dites ; le courage d'entreprendre, d'affronter le risque de l'échec, parce qu'on a la foi que l'on peut réussir ; le courage de persévérer dans ce que l'on sait être juste et bon, même si la vie ne nous sourit pas immédiatement.
Dans sa chanson "Parler d'ma vie",  Jean-Jacques Goldman dit : "On ne peut être rien que parmi des milliers". C'est vrai que certains jours, on aurait envie de n'être "rien parmi des milliers" ; c'est vrai aussi que parfois on pense que l'on n'est "rien parmi des milliers" et ça n'encourage pas à sortir du rang. Même s'il y a des jours où on se sent moins fort et  où on souhaiterait que l'on nous oublie, on doit garder à l'esprit qu'on ne devrait rien lâcher dans sa vie. En effet, on devrait toujours avoir l'esprit que chacun de nous a une influence autour de lui et si celle-ci est bonne, elle contribue à rendre le monde meilleur répondant ainsi à l'affirmation d'Edmund Burke : "Pour triompher, le mal n'a besoin que de l'inaction des gens de bien".
Comme en miroir aux paroles de Jean-Jacques Goldman, je citerai un passage du film de Ridley Scott "Kingdom of Heaven". Une scène nous montre ce qui peut élever un homme au-dessus de sa condition et faire de lui une personne meilleure. Alors que Jérusalem va être assiégée par l'Emir Saladin et qu'il ne reste plus aucun chevalier pour défendre la ville, le comte Balian d'Ibelin, resté pour défendre les habitants, fait mettre à genoux tous les hommes présents et les adoube chevaliers. Quand l'Evêque de Jérusalem, incrédule, lui demande : "Pensez-vous que cela va les rendre meilleurs", il répond simplement : "Oui".
Ce « oui » est l’expression d’une vérité profonde, car les hommes ne tirent le meilleur d'eux-mêmes que lorsqu'on leur témoigne de la grandeur qui est en eux et que les circonstances les placent devant l'obligation de la réaliser.
C'est ce que Dieu, notre Père, fait avec chacun d'entre nous et espère de chacun d'entre nous. La vie, le monde, peut effacer cela de notre âme, ça n'en demeure pas moins vrai.

D’une façon générale, la vie demande du courage ; il en est de cela comme de toute chose touchant à notre personne : il n'est jamais trop tard pour décider de devenir courageux.

2 commentaires:

  1. Je partage pour beaucoup vos propos,mais je reste convaincue que l'homme est a lui seul un antagonisme,un jour courageux,un jour lâche,c'est d'ailleurs ce qui lui permet d'utiliser son libre-arbitre.Personnellement je ne sais jamais quelle sera ma réaction car là où je m'attendais à une réaction,je faiblis,là où je me croyais craintive ,j'ai montré du ressort.Le temps de l'épreuve est quotidien,et l'on est souvent surprit par nos réflexes souvent primitifs,liés à la protection intrinsèque de l'individu.
    D'ailleurs,cette évocation de JJ Goldmann m'a fait pensé à une autre de ses chansons :"né en 17",j'avoue qu'avec un flingue posé sur la tête d' un de mes gosses,je ne sais quelle serait ma réaction!Le Père n'a--il pas dit:"mettons-les à l'épreuve?"
    Vous parliez de courage:
    Mon grand-père paternel,en 17,justement,sorti de sa tranchée pour rejoindre le puits non loin,fusil sur l'épaule ,remontait de l'eau avec son seau.Sa tâche terminée ,il s'est retourné pour rapporter ce bien précieux à ses camarades embourbés,et là l'ennemi face à lui ,droit,20 ans, comme lui,venait chercher de l'eau: comme lui!En une seconde,il lui a fallu choisir..Il a décidé de le saluer de la tête et de partir,lui tournant le dos!A mes yeux,il fit preuve d'un grand courage,quel choix cornélien!Jamais il ne fut décoré pour cela,pour d'autres actes oui!Une chose est sûre,il refusa de se découvrir au son de la Marseillaise le jour des décorations!
    Ceci pour résumer ma pensée que tantôt nous sommes des incapables,tantôt des lumières.
    merci pour votre partage,bonne journée

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  2. Avec retard, je viens vous remercier de l'évocation de votre grand-père pendant la grande guerre.
    Vivre au quotidien demande aussi, pour beaucoup, une forme de courage ; pas de celui pour lequel on obtient une décoration, mais de celui qui donne, à la fin de sa vie, le sentiment du devoir accompli. Amicales pensées.

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